lundi 4 janvier 2010

LSDO - chapitre 3, verset 4

Antenne locale de la PFS, Surabaya, dimanche 10 avril 2003. 9 h 00.

Sous le climat tropical de Surabaya, la matinée s’annonçait chaude et moite, comme toujours. Évidemment, on était un dimanche et les bureaux étaient fermés. Mais les permanences tenues dans les antennes locales de la PFS étaient de vraies permanences. Constamment, plusieurs officiers d’astreinte se relayaient par équipe, gérant les enquêtes les plus importantes, recevant les messages, servant de lien entre le QG fédéral à Lyon et les agents envoyés d’un bout à l’autre du monde préserver la sécurité de la Fédération Mondiale des Continents et de ses administrés. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, tout agent fédéral pouvait y pénétrer grâce à son badge magnétique, réputé infalsifiable. Ce matin-là, Grapper et Wolf passaient emprunter une voiture pour se rendre au zoo fédéral de Madiun, où Hartono Komodo purgeait ses trente ans d’incarcération. Alors qu’ils cherchaient le responsable du garage, un autre agent, un lycaon aux grandes oreilles dépareillées, vint les trouver.

- Agents Wolf et Grapper ? Nous avons reçu, cette nuit, un message du directeur adjoint Slaughterbean, à Lyon. Il souhaite que vous le rappeliez le plus tôt possible.
- Où se trouve votre téléphone satellite ? demanda Wolf.
- Veuillez me suivre, messieurs.
Le lycaon emmena Wolf et Grapper dans la salle du téléphone, dont il était lui-même l’opérateur. Il établit la communication selon le protocole en vigueur, puis laissa le combiné à Wolf. Slaughterbean prit aussitôt la parole d’une voix fatiguée.

- Agent Wolf ? Je commençais à désespérer…
- Navré Monsieur, l’antenne ne nous a pas fait chercher à notre hôtel.
- Aucune importance. Comment avance votre enquête ?
- Les informations que vous nous aviez données à Melbourne étaient exactes. L’archéologue assassiné travaillait sur un manuscrit ancien qui faisait partie de la collection personnelle de Komodo. Nous allions lui rendre visite au zoo sur-le-champ.
- Wolf, il se pourrait que je me sois trompé au sujet de Komodo…
- Comment, Monsieur ?

Wolf ne put cacher sa surprise. Le ton de sa question exprimait la plus parfaite incrédulité.

- Il y a eu un autre vol d’antiquités, aujourd’hui même. Et il est peu probable que Komodo y soit pour quelque chose.
- Pourquoi cela ?
- Parce qu’il s’est déroulé à Tokyo. Komodo n’y a pratiquement aucun contact et étant derrière les barreaux, il peut difficilement avoir monté une telle opération.
- De quelle opération s’agit-il ?
- Ce dimanche, vers 5 heures heure locale, quelqu’un s’est introduit dans le musée national de Tokyo, sans déclencher l’alarme. Il y a dérobé les trois trésors sacrés qui constituaient les joyaux de la couronne impériale du Japon.

Le musée de Tokyo était réputé dans le monde entier pour les systèmes de sécurité que les Japonais, maîtres de l’électronique, y avaient installés. C’était vraiment le dernier endroit où tenter un casse. Le vol paraissait si incroyable que Wolf en resta bouche bée pendant que Slaughterbean continuait.

- Prétextant un incident technique, la direction du musée a fait fermer la salle. Pour éviter que l’affaire ne s’ébruite, elle annoncera dès demain que les joyaux ont été retirés de l’exposition afin d’être restaurés. Wolf, vous êtes toujours là ?

Le directeur adjoint avait retrouvé son énergie habituelle. Wolf sursauta en répondant par l’affirmative.

- Vous partez immédiatement pour Tokyo. C’est une affaire de la plus haute importance. Le musée tient naturellement à préserver sa réputation, mais ce n’est pas ce qui nous importe le plus. Les joyaux dérobés sont un symbole national au Japon. Si on apprend qu’ils ont été volés, cela causera un véritable scandale dont la Fédération pourrait pâtir. C’est pour cela que la PFS doit régler cette affaire. Vous comprenez ?
- Oui Monsieur, répondit Wolf qui avait retrouvé sérieux et concentration.
- Vous devez retrouver les joyaux et arrêter le ou les coupables le plus vite possible. Je n’ai pas d’autres détails à vous donner. Dès que je le pourrais, j’enverrai d’autres agents pour vous épauler, mais vous devrez commencer seuls. J’ai prévenu notre antenne de Tokyo, elle mettra toutes ses ressources à votre disposition. Des questions ?
- Est-il possible qu’il y ait un lien entre ce vol et celui commis à Surabaya ? demanda Grapper par le haut-parleur.
- Ça l’est, mais ce n’est pas notre priorité pour l’instant. Il faut retrouver les joyaux. Il faut des résultats. Et vite ! Est-ce bien clair ?
- Oui, Monsieur, firent les deux agents.
- Alors bonne chance. Je compte sur vous. La PFS et la Fédération comptent sur vous.

Slaughterbean raccrocha. Le combiné toujours en main, Wolf s’assit sur une chaise, resta quelques instants les yeux dans le vague, puis regarda Grapper et, comme à Melbourne, poussa un profond soupir.

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