Musée National de Tokyo, lundi 11 avril. 8 h 35.
Après quelques minutes d’attente, peut-être liées à un encombrement du réseau (sur Internet, c’était l’heure de pointe en Europe), Wolf parvint enfin à obtenir le directeur adjoint Slaughterbean en visioconférence.
- Bonsoir, agent Wolf.
Le ton étrangement posé du renard ventripotent et dégarni suggérait que quelque chose de peu ordinaire venait de se produire. Derek n’imaginait pas encore à quel point. Slaughterbean poursuivit.
- Vous auriez pu vous dispenser de cet appel. L’antenne de Tokyo me tient informé du déroulement de cette affaire pratiquement en temps réel.
- Monsieur, nous avons un problème.
Pas de réaction. « Slaughterbean est vraiment bizarre aujourd’hui » se dit Wolf avant de continuer.
- Les agents de l’ASF essayent encore de nous dessaisir du dossier sous prétexte que Thorynque y est mêlé.
- Justement, je viens de recevoir des instructions du Ministère à ce sujet. Ces agents, sont-ils près de vous en ce moment ?
- Oui, Monsieur.
- Qu’ils approchent. Je vais vous mettre en communication directe avec le Ministère.
Sans attendre une quelconque réponse, Slaughterbean fit basculer la ligne sur le réseau crypté du Ministère de la Sécurité Publique. Le sceau de l’institution apparut sur l’écran au bout de quelques secondes, pendant que les deux agents spéciaux daignaient s’approcher sur l’invitation de Wolf, ôtant leurs lunettes. Enfin, le vice-ministre Derrflinger apparut sur l’écran. Après s’être présenté, il s’enquit des noms de ses interlocuteurs puis entra dans le vif du sujet.
- Madame et messieurs, j’ai été régulièrement tenu au courant de vos investigations par vos supérieurs respectifs. Si, comme tout semble l’indiquer, le député Thorynque est bien l’auteur du vol commis à Tokyo, cette affaire dépasse largement le cadre des rivalités qui peuvent exister entre vos deux services. Cela devient une affaire d’État.
En dépit de la qualité assez quelconque de l’image, les quatre agents fédéraux purent s’apercevoir que le regard de Derrflinger devenait de plus en plus dur. Aucun d’entre eux ne s’avisa de lui couper la parole.
- Il serait proprement inadmissible, poursuivit le vice-ministre, que de stupides affrontements internes conduisent à l’ébruitement d’un scandale propre à menacer la stabilité du gouvernement. La Fédération ne peut absolument pas se le permettre. Elle y perdrait sa crédibilité, et ses adversaires n’attendent que cela. Est-ce clair pour tout le monde ?
Les quatre fédéraux opinèrent. Sentant probablement qu’il allait s’enliser dans les sables mouvants de la politique pure, Derrflinger s’empressa de revenir à un discours plus pragmatique.
- Vous allez devoir travailler ensemble sur cette affaire. La seule manière d’y parvenir sans interférences entre les différents services est de créer une unité ad hoc. A compter de cet instant, vous appartenez tous les quatre à la même équipe. Vous serez placés directement sous mes ordres et n’aurez de comptes à rendre à personne d’autre qu’à moi. Vos hiérarchies respectives sont déjà prévenues, et je leur ai demandé de tenir à votre disposition tous les moyens que vous jugerez nécessaires. Ai-je été bien compris ?
- Oui Monsieur ! répondirent en chœur les quatre agents.
- Bien entendu, il est hors de question d’instaurer une quelconque hiérarchie à l’intérieur de votre unité. Gardez à l’esprit que votre objectif n’est pas la prééminence de l’ASF ou de la PFS, mais l’arrestation rapide et discrète de Ronnie Thorynque.
Une nouvelle fois, les agents acquiescèrent. Le vice-ministre Derrflinger se relâcha un peu, de ton comme de visage. Mais son allure et sa voix restaient encore très martiales.
- L’unité mixte dont vous êtes membres a reçu la dénomination de Détachement T, T pour Thorynque. Ce sera votre indicatif pour communiquer avec le Ministère. Lequel d’entre vous est en relation avec les autorités japonaises ?
- C’est moi, Monsieur, répondit prudemment Wolf.
- Et bien agent Wolf, où en étiez-vous ?
- D’après nos renseignements, Thorynque a réservé un billet d’avion pour ce soir vers le Canada. Nous étions en train de mettre en place une opération pour l’intercepter à l’aéroport, sans négliger la possibilité d’une fausse piste.
- Parfait. Tenez-moi au courant lorsque cette opération sera terminée.
- A vos ordres, Monsieur.
Derrflinger insista encore quelques instants sur la nécessité d’une bonne coopération entre eux, puis rompit la communication avec les agents. Tous quatre se regardèrent un moment sans savoir quoi dire. Wolf trouva le premier.
- Et bien maintenant que nous sommes tous collègues, on pourrait se présenter convenablement, histoire de commencer du bon pied. Qu’est-ce que vous en dîtes ?
Pas de réponse. Sans se désarmer, le loup tendit la patte vers le guépard, qui l’observait toujours avec une prudente réserve.
- Je m’appelle Derek Wolf.
- Terence Gerard, lui répondit finalement l’agent de l’ASF en lui serrant la patte.
Lorsque Derek voulut faire de même avec la panthère noire, il s’aperçut qu’elle l’avait devancé.
- Emma Masinga, dit-elle simplement d’une voix étrange, à la fois sensuelle et glaciale.
L’esprit endormi de Grapper avait encore bien des difficultés à assimiler toutes les informations qu’on venait de lui donner. Après quelques instants de concentration intense, il finit par quitter sa léthargie.
- Si ça vous intéresse, je m’appelle Dan Grapper. Et je suis aussi agent fédéral.
Même le guépard sourit de son intervention.
Après quelques minutes d’attente, peut-être liées à un encombrement du réseau (sur Internet, c’était l’heure de pointe en Europe), Wolf parvint enfin à obtenir le directeur adjoint Slaughterbean en visioconférence.
- Bonsoir, agent Wolf.
Le ton étrangement posé du renard ventripotent et dégarni suggérait que quelque chose de peu ordinaire venait de se produire. Derek n’imaginait pas encore à quel point. Slaughterbean poursuivit.
- Vous auriez pu vous dispenser de cet appel. L’antenne de Tokyo me tient informé du déroulement de cette affaire pratiquement en temps réel.
- Monsieur, nous avons un problème.
Pas de réaction. « Slaughterbean est vraiment bizarre aujourd’hui » se dit Wolf avant de continuer.
- Les agents de l’ASF essayent encore de nous dessaisir du dossier sous prétexte que Thorynque y est mêlé.
- Justement, je viens de recevoir des instructions du Ministère à ce sujet. Ces agents, sont-ils près de vous en ce moment ?
- Oui, Monsieur.
- Qu’ils approchent. Je vais vous mettre en communication directe avec le Ministère.
Sans attendre une quelconque réponse, Slaughterbean fit basculer la ligne sur le réseau crypté du Ministère de la Sécurité Publique. Le sceau de l’institution apparut sur l’écran au bout de quelques secondes, pendant que les deux agents spéciaux daignaient s’approcher sur l’invitation de Wolf, ôtant leurs lunettes. Enfin, le vice-ministre Derrflinger apparut sur l’écran. Après s’être présenté, il s’enquit des noms de ses interlocuteurs puis entra dans le vif du sujet.
- Madame et messieurs, j’ai été régulièrement tenu au courant de vos investigations par vos supérieurs respectifs. Si, comme tout semble l’indiquer, le député Thorynque est bien l’auteur du vol commis à Tokyo, cette affaire dépasse largement le cadre des rivalités qui peuvent exister entre vos deux services. Cela devient une affaire d’État.
En dépit de la qualité assez quelconque de l’image, les quatre agents fédéraux purent s’apercevoir que le regard de Derrflinger devenait de plus en plus dur. Aucun d’entre eux ne s’avisa de lui couper la parole.
- Il serait proprement inadmissible, poursuivit le vice-ministre, que de stupides affrontements internes conduisent à l’ébruitement d’un scandale propre à menacer la stabilité du gouvernement. La Fédération ne peut absolument pas se le permettre. Elle y perdrait sa crédibilité, et ses adversaires n’attendent que cela. Est-ce clair pour tout le monde ?
Les quatre fédéraux opinèrent. Sentant probablement qu’il allait s’enliser dans les sables mouvants de la politique pure, Derrflinger s’empressa de revenir à un discours plus pragmatique.
- Vous allez devoir travailler ensemble sur cette affaire. La seule manière d’y parvenir sans interférences entre les différents services est de créer une unité ad hoc. A compter de cet instant, vous appartenez tous les quatre à la même équipe. Vous serez placés directement sous mes ordres et n’aurez de comptes à rendre à personne d’autre qu’à moi. Vos hiérarchies respectives sont déjà prévenues, et je leur ai demandé de tenir à votre disposition tous les moyens que vous jugerez nécessaires. Ai-je été bien compris ?
- Oui Monsieur ! répondirent en chœur les quatre agents.
- Bien entendu, il est hors de question d’instaurer une quelconque hiérarchie à l’intérieur de votre unité. Gardez à l’esprit que votre objectif n’est pas la prééminence de l’ASF ou de la PFS, mais l’arrestation rapide et discrète de Ronnie Thorynque.
Une nouvelle fois, les agents acquiescèrent. Le vice-ministre Derrflinger se relâcha un peu, de ton comme de visage. Mais son allure et sa voix restaient encore très martiales.
- L’unité mixte dont vous êtes membres a reçu la dénomination de Détachement T, T pour Thorynque. Ce sera votre indicatif pour communiquer avec le Ministère. Lequel d’entre vous est en relation avec les autorités japonaises ?
- C’est moi, Monsieur, répondit prudemment Wolf.
- Et bien agent Wolf, où en étiez-vous ?
- D’après nos renseignements, Thorynque a réservé un billet d’avion pour ce soir vers le Canada. Nous étions en train de mettre en place une opération pour l’intercepter à l’aéroport, sans négliger la possibilité d’une fausse piste.
- Parfait. Tenez-moi au courant lorsque cette opération sera terminée.
- A vos ordres, Monsieur.
Derrflinger insista encore quelques instants sur la nécessité d’une bonne coopération entre eux, puis rompit la communication avec les agents. Tous quatre se regardèrent un moment sans savoir quoi dire. Wolf trouva le premier.
- Et bien maintenant que nous sommes tous collègues, on pourrait se présenter convenablement, histoire de commencer du bon pied. Qu’est-ce que vous en dîtes ?
Pas de réponse. Sans se désarmer, le loup tendit la patte vers le guépard, qui l’observait toujours avec une prudente réserve.
- Je m’appelle Derek Wolf.
- Terence Gerard, lui répondit finalement l’agent de l’ASF en lui serrant la patte.
Lorsque Derek voulut faire de même avec la panthère noire, il s’aperçut qu’elle l’avait devancé.
- Emma Masinga, dit-elle simplement d’une voix étrange, à la fois sensuelle et glaciale.
L’esprit endormi de Grapper avait encore bien des difficultés à assimiler toutes les informations qu’on venait de lui donner. Après quelques instants de concentration intense, il finit par quitter sa léthargie.
- Si ça vous intéresse, je m’appelle Dan Grapper. Et je suis aussi agent fédéral.
Même le guépard sourit de son intervention.
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