samedi 7 novembre 2009

LSDO - chapitre 2, verset 2

Melbourne, antenne locale de la PFS, mercredi 6 avril. 9 h 49.

Tout, dans le bâtiment de l’antenne locale de la PFS à Melbourne, suggérait qu’il avait été construit à coup de rallonges budgétaires de plus en plus étriquées. Une façade sale, ternie par la pollution et les petits pigeons sauvages, peinte avec des couleurs criardes rendues pastel par les outrages du temps. Des cloisons en plastique mal isolées par une couche trop mince de laine de verre, et de grandes fenêtres laissant entrer davantage de chaleur que de lumière. En somme, l’expression même du « pas cher – vite fait – mal fait – mauvais goût » de la seconde moitié des années 1970. En outre, toutes les conditions étaient réunies pour transformer l’intérieur du bâtiment en étuve, l’automne austral n’étant pas réputé pour sa fraîcheur.

En sortant de cet authentique crime architectural, l’agent Wolf n’avait qu’une envie, changer de chemise. Tout en songeant aux maigres détails qu’on venait de lui donner sur l’affaire Thorynque, il se dirigea vers l’endroit où il pourrait appeler un taxi. Il avait oublié que le responsable local de la PFS avait mis une voiture à leur disposition.

- Eh Wolf, lui rappela Grapper, il faut qu’on passe au garage pour chercher la bagnole.
- Ah oui, c’est vrai. C’est par où ?
- Là-bas, je crois. Sur la gauche.

Les deux agents contournèrent l’immeuble obsolète et empruntèrent la rampe d’accès au parking situé en dessous. Un parking poussiéreux, bétonné, rendu uniformément gris par un éclairage crû. Ils trouvèrent bientôt le véhicule qui leur avait été apprêté, une Youngsmobile F95 bleu métallisé.

- Saloperie de bagnole nord-américaine ! s’écria Grapper en découvrant son véhicule d’emprunt.
- Plains-toi pas, on ne paiera pas l’essence, rétorqua Wolf sur un ton moqueur.

Les voitures construites au Canada ou dans le Mississippi avaient la réputation d’être de gros tombereaux impossibles à manœuvrer, lents et gourmands en eau, en huile et surtout en carburant. Quelques minutes de conduite suffirent à persuader Wolf que cette réputation n’était nullement usurpée.

- Où est-ce qu’on va, maintenant ? demanda Grapper.
- Au poste de police de quartier qui a constaté la disparition de Thorynque. De là-bas, les flics en uniforme nous emmèneront chez lui. Une fois qu’on aura fait le plein d’indices, on passera au commissariat central. Brigade des mœurs, inspecteur Allan Gold.
- La mondaine ? Notre député avait des occupations incompatibles avec son statut ?
- A ce qu’il paraît, c’est l’inspecteur Gold qui a recueilli les témoignages relatifs à la disparition de Thorynque.
- Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?
- Rien. On en saura peut-être plus tout à l’heure, chez Thorynque.

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