dimanche 8 novembre 2009

LSDO - chapitre 2, verset 3

Commissariat central de Melbourne. 17 h 36.

Les deux agents de la PFS avaient passé la plus grande partie de la journée à fouiller tout ce qui pouvait l’être dans la demeure de Ronnie Thorynque, une villa confortable située dans un quartier plutôt aisé de la proche banlieue de Melbourne. Malgré la bonne volonté des agents en tenue mis à leur disposition, ils n’avaient pas déniché le moindre petit indice. Pas de trace d’effraction ou de visite incongrue, aucun objet suspect ou manquant. Rien de particulier dans les papiers du député, rien d’anormal, rien qui ait pu éclairer la lanterne des deux fédéraux, rien du tout, rien, rien, rien. Un vrai cauchemar. À en croire ses affaires, Ronnie Thorynque n’avait pas le moindre relief dans sa vie, pas le moindre petit péché à se faire reprocher. Dépités, Wolf et Grapper avaient finalement décidé de mettre un terme à cette longue séance de frustration afin de se rendre au commissariat central avant la fermeture des bureaux. Ils tournaient depuis près d’un quart d’heure pour se garer lorsque Grapper indiqua à son équipier une place libre. Toutefois, devant l’impressionnant gabarit de son véhicule, Wolf renonça rapidement à tenter un créneau et se rangea en double file.

Dans les bureaux de la police de Melbourne, l’air était chaud et sentait la fin de journée. Le soleil était bas, et la température montait rapidement malgré les efforts d’une climatisation à bout de souffle. À Lyon, personne n’aurait eu l’idée d’enclencher l’air conditionné à cette époque de l’année. Sur les indications d’une jeune et ravissante renarde stagiaire, Wolf et Grapper pénétrèrent dans le bureau de l’inspecteur Allan Gold, de la brigade des mœurs. Si les locaux qu’ils avaient traversés jusqu’ici sentaient la fin de journée, celui occupé par Gold et son adjoint sentait vraiment le fauve. Ce qui n’était guère surprenant en vérité, se dit l’agent Wolf en grimaçant, car il avait en face de lui un chacal et un fennec.

- Inspecteur Gold ? Police Fédérale de Sécurité. Je suis l’agent Derek Wolf et voici l’agent Dan Grapper. Nous enquêtons sur la disparition du député Ronnie Thorynque.
- Ah, l’affaire Thorynque ? Bienvenue dans nos locaux. Je suis l’inspecteur Allan Gold, de la brigade mondaine, et voici mon partenaire l’inspecteur Richard Fenwick.

Gold se leva pour serrer la patte des deux agents fédéraux. Wolf et Grapper voulurent faire de même avec Fenwick, mais ils s’en abstinrent après s’être aperçus que c’était de son bureau qu’émanait l’air le plus nauséabond. Dans la pièce flottait une poussière omniprésente, illuminée par les rayons obliques du soleil ; un bordel innommable régnait sur les bureaux des deux inspecteurs, avec force paperasses, tasses à café sales et restes de junk food.

- Alors, qu’est-ce qu’on vous a dit sur cette histoire ? demanda Gold en s’affalant sur sa chaise.
- Eh bien, on nous a signalé que Thorynque avait été vu pour la dernière fois en sortant d’une boîte de nuit branchée du centre-ville…
- Le Darwin’s, une boîte de nuit branchée ? s’esclaffa Gold. Ha ha ! Vous les fédéraux, vous avez de ces expressions…
- … une boîte à putes, ouais ! s’exclama Fenwick sans bouger de son coin.
- … disons plutôt un club de strip-tease, pour employer un langage correct, reprit Gold avec un sourire en coin.
- Peu importe ce que c’est que le Darwin’s, rétorqua Grapper l’air contrarié. C’est bien vous qui avez recueilli les seuls témoignages sur la disparition de Thorynque, inspecteur Gold ?
- C’est bien ça ; mais je vous en prie, appelez-moi Al.
- Dans quelles circonstances avez-vous recueilli ces témoignages ? demanda Wolf.
- En allant à la pêche aux infos au Darwin’s, comme d’habitude. Il y passe beaucoup de monde, on peut y apprendre pas mal de trucs. On rencontre souvent nos indics là-bas. Avec tout ce peuple, on passe inaperçu.
- Qui sont les témoins ? fit Grapper.
- Le physio à l’entrée, et une des filles de la boîte.
- Comment peut-on les contacter ?
- Le mieux est de se rendre directement au Darwin’s.
- Eh bien, dit Wolf, pouvez-vous nous y conduire maintenant ?
- A cette heure ci ? C’est encore fermé. Le Darwin’s ouvre assez tard. Le mieux, proposa Gold sans se départir de son sourire en coin, c’est d’y passer ce soir, pendant les heures de travail, si vous voyez ce que je veux dire…
- Comme ça, vous pourrez profiter du spectacle, crut bon d’ajouter Fenwick. Joindre l’utile à l’agréable, en quelque sorte.

Les deux flics éclatèrent d’un rire gras. Grapper et Wolf se regardèrent quelques instants, puis acquiescèrent. L’idée n’était pas vraiment à leur goût, mais il leur fallait bien composer avec ces gars de la mondaine s’ils voulaient recueillir des informations rapidement. Et puis, leurs séminaires de formation, à Lyon, ne mettaient-ils pas l’accent sur les trois Di, diligence, discrétion et diplomatie ? De réunions en brainstormings, les cadres de la PFS ne cessaient d’inciter leurs subordonnés à se montrer respectueux des officiers des polices locales, à ne pas empiéter sur leur juridiction, à ménager leur susceptibilité. Alors ? Va pour le Darwin’s, puisqu’il fallait en passer par-là.

5 commentaires:

  1. C'est Noël avant l'heure ! Deux pour le prix d'un ! Serait-ce abuser que de réclamer la suite ?? J'adore !:p

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  2. Merci, public.

    C'est parce que le verset 2 était plutôt court. :p

    Et comme je serai absent ce week-end, il se pourrait que le verset 4 vienne bientôt.


    Coin !

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  3. Désolé, lectorat. J'ai failli. Sans plus attendre, voici le verset suivant.

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  4. Vous êtes entièrement pardonné, en dépit de votre grande cruauté !! :D

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